C’est clair, avec du recul, je me demande comment c’est physiologiquement possible. Bien qu’on puisse comparer ça à de la haute intensité courte en fractionné, il n’y a pas vraiment de seuil long. Du coup, ça doit générer moins de fatigue quand même. Sur les rounds de 3 à 5 minutes, il y a toujours un moment où tu souffles un peu, mais bon, c’est bref, et le cœur reste quand même au rupteur. Le pire, je pense, c’est le MMA et les sports de combat avec du travail au sol, c’est super éprouvant, bordel.
Allez, je vous fais un petit récit rapide pour donner une idée à ceux qui n’ont jamais pratiqué. Je suis inspiré là, puis ça rappelle des souvenirs.
J’ai fait les camps en Thaïlande, dans un petit camp local à la frontière du Laos, pas les camps d’Américains de Bangkok. Ça, c’est des camps de crossfit, pas de boxe. Donc, 12 entraînements par semaine, soit 2 entraînements par jour, repos le dimanche. Pas un seul entraînement où le cardio ne monte pas.
Je vous fais un résumé rapide d’une journée là-bas : 4 à 5 km de footing léger à jeun, départ 6h-6h30. En tout cas, pas de petit-déj prévu avant la fin du premier entraînement. Si tu veux grignoter, on ne t’empêche pas, mais faut pas vomir sur le ring ensuite… Au retour, 20 putains de minutes de saut sur un pneu de camion, en alternant pieds joints, avant-arrière, etc. D’ailleurs, je vous le conseille vivement si vous avez un peu de place chez vous, mais à côté du canap, ça fait désordre… Si vous voulez vous faire des mollets en béton armé, n’hésitez pas ! Les premières sessions, je ne pouvais plus marcher… et j’avais pas encore démarré l’entraînement !
Ensuite, shadow boxing pour un échauffement en douceur, un peu de mobilité, puis on mettait nos bandages en silence avant de démarrer le training. Énormément de travail technique là-bas, ils sont très focus sur la gestuelle. Travail en binôme très souple, focus sur les mouvements, les réflexes, les positionnements, etc. Ensuite, séance de paos avec les Thaïs, en général d’anciens boxeurs avec un léger penchant pour l’alcool de riz… Là, autant dire que c’était parti pour l’intensité. Loin d’être comme dans les clubs en Occident, là-bas, si le geste est mal exécuté, tu le répètes encore et encore. Ils sont sur tes côtes tout le temps ! En gros, il m’est arrivé de faire des rounds uniquement en envoyant des middle kicks jambe droite…
Si tu as le malheur de ne pas tenir ta garde pendant la séance, c’est direct un coup de pao dans le nez, rappel ! « Oui mais je suis fatigué… » Boum, rappel ! Mauvais appui sur tes jambes et légère déconcentration ? Boum, balayage, loupe arrière, sur le cul. Reprise des esprits et reconcentration instantanée.
Donc, en général, après les paos, t’es moins enthousiaste… et c’est là que tu attaques les sparrings ou mises de gants. Léger en tournant avec les collègues, très bonne mentalité, personne ne s’amuse à appuyer ses coups, mais encore une fois, les rounds sont loooongs et le cardio est malmené. Puis on finissait par du travail au sac et du corps à corps, qui est très très éprouvant.
On terminait le training par des abdos et du gainage. Eux, les abdos, comme dit La Pich, c’est du Rocky Balboa, on bossait par deux, un faisait les abdos crunch pendant que l’autre lui mettait des coups de paos dans le bide à chaque relevé de buste… Ensuite, étirements légers, douche froide et petit-déj à 10h !
À 13h, repas. À 16h, deuxième training, même rituel ! Entre les deux, autant dire que t’es dans ton lit à regarder des dessins animés. 19h repas, 21h dodo.
Une à deux fois par semaine, on faisait des sprints devant le camp avec un harnais attaché à un pneu. Le coach chronométrait et on faisait les sprints par deux en mode défi. C’était peut-être ça qu’ils considéraient comme les entraînements de cardio de la semaine ?
Le dimanche, on montait dans le pick-up du coach et il nous emmenait à Nong Khai, la petite ville la plus proche au bord du Mékong. On allait jouer au billard et manger des pizzas dans un petit rade. Le patron était une larve de proxénète belge, assez marrant tout de même, malgré que ce soit une énorme merde…
Bref, une très belle expérience de vie d’ascète, bien que courte puisque je l’ai vécue en tant qu’amateur pendant seulement quelques mois. Les pros, eux, surtout les Thaïs, c’est leur quotidien depuis tout petits. Ils sont d’une gentillesse incroyable, jamais énervés, toujours souriants, et d’une dureté impressionnante.
Une belle leçon de vie, une super expérience et des belles années d’entraînement qui m’ont fait la bite.
